Repenser le futur de Sprimont - avec Hugues Dorzée

Publié le 19 novembre 2021
Rédigé par 
Bastien Soret

Redynamiser la démocratie

Après une première soirée de réflexion en compagnie de Luc de Brabandère, c’est auprès du rédacteur en chef Hugues Dorzée, du magazine Imagine Demain le monde, que nous nous sommes tourné·e·s pour tenter d’esquisser le Futur de Sprimont.

« Il y a encore dans l’imaginaire collectif l’idée selon laquelle l’écologie est une histoire de « petits gestes », de tri des déchets, de lutte contre le plastique… C’est évidemment important, mais l’écologie, c’est bien plus large que ça. » Tel est le constat dressé par Hugues Dorzée, rédacteur en chef du magazine d’écologie et de société Imagine Demain le monde. « L’écologie, c‘est d’abord la science des relations entre tous les êtres vivants qui interroge nos conditions d’existence et nos comportements. Une manière de (re)penser notre rapport à la Terre, nos rapports sociaux, les inégalités sociales et planétaires, etc. » Une vision globale des choses, qui renvoie à l’idée que nous avons atteint une limite, et qu’il n’y a pas de planète B. Mais que des solutions existent, tant individuellement que collectivement !

Le futur, un espace à investir

Selon Hugues Dorzée, la première chose à faire serait de modifier notre façon de voir les choses : « rester bien sûr lucides et vigilants aux signaux qui nous sont lancés, sans verser dans le cynisme et le catastrophisme ». Il cite alors les propos de la politicienne française Christiane Taubira, précisant qu’on n’a besoin ni d’optimisme, ni de pessimisme, mais d’activisme ! « Je trouve que la formule est simple, mais très juste », déclare-t-il avant d’embrayer sur l’interview du philosophe des sciences Étienne Klein récemment parue dans le magazine, qui y rapporte l’idée de voir le futur comme à la fois une promesse et une forme d’espace à investir, à ne pas subir, pour parvenir à la fois à sortir du présentisme et d’inventer un futur crédible et attractif.

Comment pouvons-nous dès lors agir concrètement de façon globale, et plus encore au niveau local ? « C’est compliqué, car nous sommes parties prenantes de la destruction environnementale en cours, nous avons donc un devoir d’agir individuellement, à notre petit niveau. C’est la fameuse histoire du Colibri (chacun doit faire sa part) ». Et en même temps, les vraies responsabilités sont ailleurs, il faut les dénoncer et les combattre. C’est le productivisme, la financiarisation de l’économie, la marchandisation du monde, le patriarcat, le néocolonialisme….« .

(Re)penser le futur de Sprimont

Beaucoup d’initiatives existent déjà, sur lesquelles prendre exemple : les monnaies alternatives locales, les potagers collectifs, les initiatives de circuits courts… Autant de lieux suffisamment ancrés dans les territoires, de projet suffisamment concrets pour permettre aux citoyens de se retrouver, d’agir sur un terrain local et d’être directement dans le faire.

Nous pouvons demander aux pouvoirs locaux d’anticiper et de mettre un coup d’accélérateur sur toute une série de choses

Pour Sprimont, et les communes en général, plusieurs initiatives sont possibles. « Dans la même idée de se dire qu’il y a urgence, reprend Hugues Dorzée, nous pouvons demander aux pouvoirs locaux d’anticiper et de mettre un coup d’accélérateur sur toute une série de choses pour la mandature suivante, et ce, partout là où on peut agir. Ce sont de formidables leviers pour agir concrètement, localement. En soutenant le re-localisme économique, les entreprises sociales, les projets d’alimentation durable, de communautés d’énergie, etc. Les communes ont un vrai pouvoir d’action, malgré les contraintes réglementaires et les difficultés budgétaires qui sont les leurs. Du côté des élus, l’idée serait d’être dans l’alliance : « on n’avancera pas s’il n’y a pas une vraie dynamique des élus proactifs, des chefs d’entreprise innovants, des acteurs associatifs… ». Les citoyens ont également un rôle de vigilance à jouer sur les problèmes les plus urgents, tel que « forcer les élus à répondre à leurs engagements, à être véritablement impactant et pas simplement subir la situation ».

Rappelons que dans un pays comme la Belgique, très institutionnalisé sur de nombreux niveaux de pouvoir, les élus locaux n’ont pas toutes les clés en main, mais peuvent cependant agir sur beaucoup de choses : relancer une petite économie, créer d’avantage d’espaces verts, limiter la bétonisation et l’agriculture intensive… « Des coalitions entre les différents partis sont également possibles pour se concentrer sur les priorités, conclut Hugues Dorzée. Malgré une différence de maturité entre les partis, de prise de conscience et de volontariat, il y aura tout de même toujours des points de convergence et d’entente possibles ».∎

Une nouvelle façon de penser la politique

(Découvrez le Numéro spécial « Réenchanter la démocratie »)

« Notre démocratie est arrivée au bout d’un cycle, elle est essoufflée avec des marques de fatigue à tous les niveaux. La particratie a pris beaucoup de place. On est sorti de cette idée de verticalité du pouvoir, totalement dépassée. De grands mouvements sociaux de masse démontrent d’ailleurs cette lassitude. Tout ceci est à la fois autant de signaux d’alarme que des encouragements. Il faut que les partis acceptent de jouer le jeu, parce que cela signifie repenser tout un modèle existant. Attention au discours inverse qui dirait que les partis ne servent plus à rien, car ils ont les capacités à réfléchir avec des centres d’étude, des ramifications dans la société qui leur permettent de faire des choses, même si cela reste très cloisonné. Il ne s’agirait donc pas d’arrêter le système électoral qu’on connait, mais au moins le redynamiser. Des tas d’outils existent pour nous permettre d’allier à la fois l’expression citoyenne, l’émergence d’idées collectives, le consensus… On sent que ça bouge, peut-être pas assez vite, mais une nouvelle dynamique se met lentement en place !« 

Les questions d’économie locale, de plan urbanistique, d’agriculture… sont autant de thématiques sur lesquelles nous menons nos réflexions.
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